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Le Grand Huit et Le Président : les 180 Premiers Jours de l’Administration Milei
Après une victoire surprenante, le Président Javier Milei a pris ses fonctions le 10 décembre 2023. Il est le neuvième président de l’Argentine depuis le retour du pays à la démocratie en 1983. Alors que les Argentins, sont habitués à une continuelle montagne russe apparemment sans fin, entre promesses de changement fondamental, prospérité à long terme et les appels à une redistribution équitable de la richesse, cette fois-ci semble différente. 56 % de la population a élu un outsider n’ayant pas peur de crier et d’utiliser un langage cru mais aussi désireux de démontrer une compréhension et une expertise en économie jamais vues auparavant chez un candidat à la présidence — du moins de notre vivant.
Les 180 Premiers Jours de l’Administration Milei
Les premiers 180 jours de l’administration Milei ont offert des résultats mitigés. Les observateurs internationaux de l’Argentine sont curieux du nouveau président. Une utilisation efficace des réseaux sociaux, une personnalité flamboyante, des réunions avec des figures internationales importantes (parfois controversées), et une condamnation sans relâche du passé ont contribué au «phénomène Milei». Beaucoup se demandent : «Milei peut-il réussir ?»
Cette note ne peut répondre à cette question. Mais elle peut en offrir une autre : l’Argentine est-elle prête à adopter la méthode Milei ?
Ce qui suit résume les événements récents affectant l’écosystème des affaires en Argentine afin de tenter de prédire ce qui pourrait suivre. Nous croyons que la rhétorique enflammée de Milei est une distraction, visant parfois à détourner l’attention et d’autres fois à marteler un message. Ainsi, si nous mettons de côté les effets de manche du théâtre politique, nous pouvons mieux nous concentrer sur les actions de son administration.
Économie
Milei a réussi à désamorcer rapidement la bombe économique héritée de l’administration précédente. Cela est passé par une dévaluation forte (de plus de 100 %) de la monnaie, la suppression de la plupart des contrôles des prix (provoquant une forte augmentation du carburant, des services publics et des soins de santé privés), la réduction des dépenses publiques, tout en maintenant les règles de contrôle des changes financier qui encadrent l’accès aux devises.
Un tournant économique radical
Les effets ont été immédiats. L’Argentine est passée en termes de coût de la vie d’être une aubaine à une situation prohibitive, dans chaque cas mesurée par rapport au dollar. Avec le pouvoir d’achat pulvérisé, l’inflation a reculé de 25 % par mois en décembre 2023 à 4 % en mai 2024. Le pays a eu un excédent budgétaire pendant cinq mois consécutifs. La dette privée pour payer les importations et les dividendes hérités du gouvernement précédent a été largement restructurée par la conversion de cette dette en obligations souveraines libellées en dollars (le “BOPREAL”).
Le risque souverain argentin a diminué ; le taux d’intérêt annuel préférentiel en pesos a été réduit de 111 % à 40 %. La Banque centrale a lentement accumulé des réserves internationales, qui étaient complètement épuisées lorsque la nouvelle administration a pris ses fonctions.
Plus important encore peut-être, la mesure argentine de la stabilité économique — le taux de change peso-dollar — est restée relativement stable. Alors que le gouvernement poursuit une dévaluation planifiée de 2 % par mois du taux officiel, l’écart entre les taux officiel et du marché s’est globalement stabilisé entre 10 % et 20 %, bien loin des 150 % qui prévalaient à la fin de l’année dernière.
Le changement brutal des prix par rapport au dollar a entraîné une récession. Le gouvernement rapporte une baisse de 10 % du niveau d’activité économique par rapport à l’année dernière et la perte d’environ 100 000 emplois salariés.
Réformes Structurelles Initiales
Dès son entrée en fonction, le Président Milei a émis un décret abrogeant ou modifiant plus de 300 lois, règles ou règlements. En termes généraux, l’exécutif vise à réduire fortement la bureaucratie et à limiter l’implication du gouvernement dans l’économie du secteur privé. Bien que certains de ces efforts aient été interrompus par le pouvoir judiciaire, beaucoup restent en place, y compris l’abrogation de :
– Restrictions sur la propriété des terres rurales par des étranger.
– Restrictions sur la liberté de contracter pour définir les termes des baux résidentiels et commerciaux.
– Réglementations affectant les industries critiques telles que la communication (y compris les communications par satellite), les soins de santé, le tourisme et le transport aérien.
– Restrictions sur la liberté de contracter en devises étrangères.
– Lois et règlements affectant le commerce intérieur (par exemple, restrictions sur l’affichage des produits dans les points de vente ; obligations d’approvisionnement domestique et contrôles des prix sur les articles de consommation clés comme la viande, les produits laitiers et le carburant ; lois exigeant que les entreprises et le gouvernement favorisent les produits domestiques).
Une Deuxième Vague de Réformes
Depuis le début de l’année, le président s’est engagé dans une bataille politique pour adopter des réformes structurelles visant à promouvoir l’investissement. La loi cadre appelée “Ley de Bases” a survécu de justesse au Sénat et, vient d’être approuvée la Chambre des représentants. L’administration a ainsi réussi à promulguer des réformes structurelles importantes telles que :
– Éliminer ou réduire les agences gouvernementales pour diminuer les coûts et améliorer l’efficacité, y compris la privatisation de certaines entreprises publiques.
– Créer un Régime d’Incitations aux Grands Investissements ou “RIGI” pour les projets impliquant des investissements de plus de 200 millions de dollars US.
– Moderniser les lois sur l’emploi pour augmenter les emplois et réduire les risques pour les employeurs.
– Déclarer l’urgence publique dans les domaines administratif, économique, financier et énergétique pour une durée d’un an, investissant ainsi le président du pouvoir législatif normalement réservé au parlement jusqu’à la mi-2025 (à signaler que ce fut une pratique utilisée communément par les gouvernements antérieurs).
Et Après ?
Avec la Ley de Bases et le paquet de réformes fiscales, l’administration Milei termine la phase initiale. Le défi se tourne maintenant vers la durabilité des mesures, ce qui dépendra de la rapidité avec laquelle l’économie pourra rebondir. Le gouvernement Milei n’a pas de nouvelles recettes pour la croissance économique, insistant cependant sur un retour au crédit international, une stimulation par la réduction des impôts, et la modernisation de l’économie pour attirer les investissements directs étrangers. La montagne russe a déjà suivi cette pente auparavant. Il reste à voir, cependant, si les Argentins resteront cette fois jusqu’à la fin du périple.
La durabilité des réformes en question
Malgré la récession, le soutien public au président reste fort, sans troubles civils significatifs, comme beaucoup le craignaient. Les sondages d’opinion indiquent que la plupart des gens comprennent que les sacrifices actuels sont nécessaires pour stabiliser l’avenir de l’Argentine. L’opposition reste divisée et si l’économie commence à se redresser, Milei sera en position favorable pour gagner les élections de mi-mandat l’année prochaine et obtenir un soutien plus fort au Congrès, permettant des réformes structurelles plus profondes.
L’administration Milei a démontré un certain savoir-faire politique. Si la macroéconomie continue sur la voie du rétablissement, si les prix des matières premières augmentent, si les promesses d’extraction de ressources naturelles en gaz et pétrole comme Vaca Muerta ou celles du Triangle du Lithium peuvent être réalisées, et si l’électorat est récompensé par une reprise de l’activité économique d’ici début 2025, alors nous pourrons conclure que l’Argentine sera prête à adopter la méthode Milei.
En attendant, gardez vos ceintures attachées.
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