Combien vaut un dollar ou un euro en Argentine ?

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Dans le dédale complexe des contrôles des changes en Argentine, la valeur d’un dollar autrefois simple s’est fragmentée en un ensemble déroutant de 19 taux distincts. Cette diversité déconcertante de taux, mise en lumière dans une illustration accompagnant cet article, illustre la complexité du contexte économique argentin. Alors que l’inflation persiste et que la valeur du peso diminue, les vendeurs ajustent continuellement leurs prix, naviguant dans ce labyrinthe de taux de change.

Depuis septembre 2019, l’Argentine est revenue à l’utilisation de contrôles des changes pour limiter les sorties de capitaux. Associée à diverses autres politiques gouvernementales, cette décision a engendré de multiples taux de change pour le très convoité dollar américain. Initialement, il y avait deux taux : le taux officiel (applicable au système bancaire argentin et aux transactions d’import-export) et le taux du marché informel ou « blue » (le taux pratiqué par les changeurs de devises non autorisés pour faire entrer et sortir des fonds en Argentine).

Alors que les règles de répression financière se sont renforcées pour endiguer les envois de fonds, le gouvernement a rendu impossible aux résidents d’obtenir des dollars pour payer les dividendes, les obligations liées aux partenaires ou rembourser les prêts transfrontaliers. En conséquence, les mécanismes alternatifs utilisés lors de la précédente période de contrôle des changes (2011-2015) ont refait surface :

Le « Dollar Contado con Liqui » : Le taux de change pour l’achat de titres libellés en dollars et le transfert de ces titres à l’étranger à une contrepartie.

Le « Dollar MEP » : Le taux de change pour l’achat de titres libellés en dollars détenus en Argentine.

Le « Dollar Contado con Liqui » et le « Dollar MEP » (appelés « Dollars Financiers » dans l’illustration) oscillent autour du double du coût en pesos par rapport au taux de change officiel.

Les résidents argentins ont rapidement orienté leur dépenses versles biens et services étrangers évalués au taux de change officiel. Pour compenser ces sorties de devises, le gouvernement a taxé ces achats. Le « Dollar de Consommation » dans l’illustration englobe quatre taux de change distincts : le  » Dollar Netflix  » (pour les services d’abonnement étrangers, taxé à 8%), le « Dollar Carte de Crédit » (pour les achats avec une carte bancaire argentine), le « Dollar Luxe » ou « Qatar » (introduit lors de la Coupe du Monde pour les achats dépassant 300 dollars US) et le « Dollar d’Épargne » (le taux appliqué aux particuliers autorisés à acquérir jusqu’à 200 dollars par mois pour l’épargne).

L’Argentine a historiquement compté sur les exportations de céréales pour maintenir son économie à flot. Alors que le taux officiel persistait, les exportateurs préféraient de plus en plus stocker les matières premières jusqu’à l’obtention d’un taux de change plus favorable. Pour inciter les exportateurs à vendre, le gouvernement a adopté une série de taux « spéciaux » pour les exportateurs de soja, de maïs et d’autres produits agricoles, de bœuf, de vin, de cuir et de technologie. Ce sont les « Dollars d’Exportation » ainsi dénommés.

L’insistance obstinée du gouvernement à ajuster progressivement la monnaie a engendré cet hydre des taux de change.

L’illustration suivante représente la myriade de taux de change en vigueur dans l’économie actuelle de l’Argentine. L’inflation persistante et un système absurde de taux de change ont conduit les vendeurs à augmenter continuellement leurs prix, tandis que le peso continue de perdre de sa valeur. Pendant cette année électorale, ne vous attendez pas à des changements !